Quand elle les a vues, Nadia Shahram savait qu’elle devrait leur poser des questions, qu’elle devrait trouver.
C’était des jeunes femmes en vêtements amples, voilées, qui traînaient à l’extérieur des lieux saints et dans les espaces publics de Téhéran, la ville natale de Shahram.
Elle demanda à un membre de sa famille qui vaivait toujours dans la ville iranienne ce que ces femmes faisaient.
On lui répondit « mariage temporaire ». Les jeunes femmes faisaient payer des hommes qui voulaient les acheter en tant « qu’épouses » pour une courte durée, une heure ou deux, une semaine ou plus longtemps. C’était de la location de disponibilité sexuelle limitée dans le temps, encadrée par les autorités tant gouvernementales que religieuses.
En les regardant, Shahram, avocate de Williamsville, sut qu’elle devrait en découvrir davantage sur la vie de ces jeunes femmes.
« Certaines ont simplement refusé de me parler » a récemment dit Shahram un matin dans le bureau aux couleurs éclatantes où elle pratique la médiation conjugale. « Mais certaines voulaient vraiment exprimer leur histoire. »
« Je n’arrivais plus à dormir longtemps après avoir parlé à ces femmes. »
A partir de 2004, année de son voyage dans son pays de naissance, Shahram a interviewé 100 personnes liées au « mariage temporaire » en Iran : des femmes qui vendaient leur temps et leurs faveurs en tant qu’épouses à court terme, des hommes qui le pratiquaient, des membres des familles de ces femmes et d’autres encore. Elle y retourna en 2005 pour poursuivre ses recherches.
Les histoires qu’elle avait entendues ont donné une nouvelle vitalité à son nouveau livre, un roman intitulé « Mariage au Coin des Rues de Téhéran » et sous-titré « Un Roman basé sur des Histoires Vraies de Mariage Temporaire ». On peut se le procurer à la librairie de l’université de Buffalo et aux librairies « Talking Leaves ».
Bien que ce livre soit une fiction, Shahram souligne que les vies obsédantes qu’il révèle sont elles bien réelles.
« 99.9 pourcent des cas utilisés sont exacts et réels. » dit l’avocate qui finissait son adolescence pendant la révolution, à la fin des années 70s et qui enseigne maintenant à la faculté de droit de l’université de Buffalo.
Le livre traite un sujet qui est un vrai problème en Iran et dans d’autres parties du monde musulman, déclare le Docteur Khalid Qazi, président du conseil des affaires publiques musulmanes de l’ouest de New York.
« En Iran, c’et une réalité. » déclare Qazi « Il existe des sociétés, dans les pays musulmans, et l’Iran en fait partie, où l’on pratique le mariage temporaire. »
Mais Qazi ajoute que cette pratique, dont il précise qu’elle peut aussi occasionnellement être observée dans les populations migrantes de l’ouest de New York, n’est pas une vraie pratique du mariage islamique.
« La foi islamique n’autorise pas le mariage secret, ou le « mariage temporaire » déclare Qazi. « Le mariage est l’union de deux parties consentantes ; il doit être public et célébré en public. »
Shahram est née à Téhéran de parents éduqués, journalistes et éditeurs ; son nom signifie « rare » ou « unique ». Elle est venue à Toronto au milieu des années 70s pour y commencer ses études universitaires. Elle a choisi l’université de Buffalo après une visite dans cette ville.
« Je suis littéralement tombée amoureuse de Buffalo » déclare Shahram, qui, petite fille, rêvait de devenir la Barbara Walters iranienne. « Mes amis me disaient, nous sommes allés à Los Angeles, à Hollywood, mais moi, j’aimais Buffalo. »
Elle a terminé son premier degré à l’université de Buffalo en 1988 et a été diplômée de la faculté en 1997. Lors de son activité personnelle, elle a réalisé plus de 500 médiations conjugales.
En 2004, Shahram décida de commencer des recherches sur l’Islam contemporain, en partie à cause de ce qui s’était passé aux Etats-Unis le 11 septembre.
« Après ce que notre pays avait subi le 11 septembre, je voulais absolument pouvoir répondre à ces questions : « Qu’est-ce que l’Islam ? Est-il pacifique ? Est-il violent ? S’il est violent, est-ce que je change de religion ? » explique Shahram quand elle se souvient de ses pensées de l’époque.
Pendant son enfance, « sous le régime du shah », la religion ne jouissait d’aucune visibilité, explique Shahram. Ses parents pratiquait l’islam mais en privé « derrière des portes closes ».
Aujourd’hui, plus de 30 ans après la révolution, la religion semble différente, dit Shahram, et elle pense que c’est principalement parce ce qu’elle s’est mêlée de politique.
Ce qui entraîne beaucoup de situations malheureuses, dit-elle, dont les soi-disant « mariages temporaires », qui sont ignorées ou même condamnées par les dirigeants de l’administration et de la religion du pays.
« Une des choses qui m’a le plus choqué c’est que l’on fasse la promotion du « mariage temporaire » qu’on l’encourage. J’ai vu une annonce dans le journal pour en faire de la publicité » dit-elle.
Shahram explique qu’elle croit que cette pratique est un détournement des principes islamiques du mariage, qui devrait être un lien ressemblant à un contrat, mais la limite dans le temps ne devrait pas exister.
Les femmes choisissent ces relations temporaires pour l’argent et parce qu’elles n’ont pas d’autres solutions dit Shahram.
« Ce sont des jeunes femmes intelligentes » dit-elle « mais elles n’ont pas le choix. Il n’existe pas de poste de serveuses ou chez McDonald’s, Aucun poste de ce type pour les femmes. »
Les femmes le font même si cela doit mettre en danger leur chance de se marier définitivement, essayant de toutes leurs forces de garder ses brefs mariages secrets, si elle le peuvent.
« Elles le cachent à leur famille et à leurs amis » dit Sharam « Elles exercent habituellement un métier pendant le jour ou le soir. »
Qazi, du conseil des affaires publiques musulmanes, bien que n’ayant pas lu le roman, explique qu’il pense de le fait de parler des ces mariages secrets, cachés qide utilement à l’éducation sur ce sujet tabou de la culture islamique.
« Tout ce qui éduque est utile. » dit-il.
Shahram annonce qu’elle est en train de traduire les interviews qui ont nourri son roman en un film documentaire qui révèlera qus yeux du public cet aspect peu connu de l’islam contemporain iranien.
Shahram dit également qu’elle travaille sur un second projet de film sur les « crimes d’hooneur » un terme qu’elle réfute pour désigner une description incorrect d’un phénomène mal compris. Ce film comprendra des interviews de femmes musulmanes en Iran et aux Etats-Unis. Elle aimerait y faire figurer le cas d’Aassiya Hassan d’Orchard Park, si possible.
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