A Son Excellence Monsieur le Secrétaire Général des NationsUnies Monsieur Ban Ki Moon, salutations respectueuses,
Je soussigné, Behrouz Djavid Téhérani, suis prisonnier politique dans l’une des plus horribles prisons iraniennes, celle de Radjaï à Karadj (Gohardasht) depuis plus de 10 ans sans aucune inculpation. Pendant mon séjour, j’ai été le témoin de toutes les sortes de violations des droits humains pendant l’arrestation, les interrogatoires et les procès illégaux. Pendant ces dix ans, j’ai été témoin de crime, de torture, d’injustice, de mort, de corruption, de décès suite à non-assistance, de suicide de prisonniers, etc.. Dans les cellules d’isolement du hall 2 du bloc 1, les prisonniers sont battus avec des matraques, des bâtons, des câbles et quelquefois des matraques électriques au point que les prisonniers font sur eux. L’année dernière, un jeune homme est mort après une séance de matraquage ! Dans les cellules d’isolement, on oublie les prisonniers plusieurs jours les mains liées dans le dos et les pieds enchaînés. On ne les détache que s’ils s’insultent, ainsi que leurs familles. A l’isolement du hall 2, la douche est considérée comme un extra. Un prisonnier peut en attendre une pendant un mois. Si le prisonnier ne se soumet pas aux matons, on lui interdira également les toilettes. Dans ce hall, pas d’air frais et dans cette histoire, pas de radio, de télévision, de journal, de téléphone, de visite d’air frais ou de livre. Les matons s’adressent aux prisonniers en les insultant et en les humiliant. Voir un docteur est un privilège auquel tous n’ont pas droit. Je connais un prisonnier malade dans ce hall, Darioush Ardjomand, à l’isolement pendant deux ans et demi. Il a le sida et l’infirmerie de la prison a arrêté de lui fournir des antibiotiques depuis un moment pour qu’il meure plus vite. On ne lui fournit même plus les médicaments spécifiques au sida. Les matons ont peur d’ouvrir sa cellule pour l’envoyer aux toilettes ou à la douche. Sa cellule n’avait plus de lumière depuis un moment mais personne ne voulait rentrer pour changer l’ampoule.
Notre bloc est dirigé par Hassan Akharian, un drogué aux excitants, qui traite les détenus avec violence. Toute opposition à sa conduite déraisonnable se termine à l’isolement au bloc 2. Il a enlevé la caméra d’une des pièces et l’a transformée en chambre de torture. Ali Hadjkazem est le directeur de la prison Radjaï de Karadj ; il est corrompu et ses gardes ont le droit de perpétrer tous les types de crime. En 2005, j’ai identifié plus de 10 cas de vente d’organes sans la permission du prisonnier. L’infirmerie de la prison était aussi impliquée dans ce crime. Il s’agissait de prisonniers devant être exécutés. Je connais le nom de trois de ces prisonniers dont des organes ont été vendus sans leur permission : Afshin Karimi, Cervin Goudarzi et Ahmad Hanani. Dans cette prison, être soigné par un médecin est un exploit. D’après eux, les prisonniers n’ont pas le droit d’être malades ou de voir un médecin plus d’une fois par mois. Un ami proche, Amir Hussein Heshmat Saran, est mort de n’avoir pas été traité à temps. Autre déficience, en raison du manque d’espace, d’air frais et de la densité de la population, les prisonniers souffrent de troubles mentaux. Dans cette prison, peu de halls offrent le luxe de lits, seulement quatre halls sur vingt-quatre. Les prisonniers des autres halls n’ont même pas assez d’espace pour dormir. C’est l’un des exemples les plus évidents de torture dans cette prison. Dans les halls 1 et 3, les malades mentaux sont mélangés avec les autres prisonniers ce qui conduit à des maltraitances sur les prisonniers non malades.
Monsieur Ban Ki Moon, j’essaie de résumer une longue histoire, mais je ne parle pas uniquement pour moi, je parle pour tous les prisonniers, politiques ou non qui ne peuvent joindre Votre Excellence, et je vous demande, lors de votre visite dans notre beau pays, de nous rendre visite à la prison Rajaï de Karadj. Je me ferai une joie de vous guider, ainsi que vos conseillers, pour vous montrer les recoins les plus sombres des chambres de torture ainsi que toutes les violations des droits humains. Votre visite en Iran et plus spécifiquement dans cette prison, produirait ses effets sur les conditions de vie de plus de 3.000 prisonniers, mais vous aurez plus de preuves à examiner.
Nous attendons impatiemment votre arrivée.
Behrouz Djavid Téhérani, prisonnier politique et militant des droits humains
Prison Radjaï de Karadj (Gohardahst), hall 1, bloc 1
Le 18 avril 2010
Posted via web from lissping
No comments:
Post a Comment
Note: only a member of this blog may post a comment.