Parissa, ma grâcieuse
Après un autre jour d’errance dans la ville, fatigué et le cœur brisé, je suis de retour dans un coin tranquille de la maison. Quand je regarde la pendule, un feu me brûle de l’intérieur. Nous sommes vendredi, il est 20h30. Les aiguilles de la pendule me rappellent cette douleur atroce. Deux semaines ont passé depuis ce maudit soir place Vali Asr quand je t’ai serré la main pour la dernière fois. Je voulais te dire « ne pars pas ». Je voulais te crier « reste », mais j’avais une boule dans la gorge, il y avait de la colère, de la souffrance et des pleurs et je n’ai simplement pas pu te dire adieu.
Je suis assis, noyé dans mes pensées à propos de ces jours et de ce qui m’arrive, de ce qui t’arrive, de ce qui nous arrive, de ce qui arrive à l’Iran. Ton visage, ton visage calme et ton rire insouciant me reviennent à l’esprit, comme si tu étais à côté de moi. D’un regard pénétrant, avec un chant mélancolique, tu t’adresses à mon cœur. « Est-ce que tu dors » et des pleurs glissent goutte à goutte sur mon visage. Et cette boule dans ma gorge m’étouffe, comme si j’entendais un murmure, court, profond, calme.
« Dans un flot de larmes, pour dormir, j’ai trouvé mon chemin
Pensant à toi en vain, j’ai langui et prié
A la vue de tes sourcils, j’ai perdu mon masque
J’au bu au coin de l’autel, vieux et gris.
Ton visage, comme une apparition dans mon esprit se forme et s’évanouit
J’embrasse le visage de la lune de loin. »
Dans ce voyage rempli de menaces, je tourne les pages de ma mémoire. Te souviens-tu de notre première rencontre ? Tu étais venue avec Shiva. Cela fait un an. Une année avec ses hauts et ses bas. Une anné pleine de joies et de difficultés. Une année pleine de sourires et de pleurs.
C’était la réunion du comité. J’étais assis seul à une table quand tu es entrée. Et ce fut le début de la connaissance d’une personne « dont la présence donne espoir en la possibilité de la bonté, » « une personne qui cache ses propres ennuis derrière un sourire uniquement pour voir les autres sourire » et une personne dont le romantisme calme rend fou.
Une personne qui, dans sa prime jeunesse, alors que tous recherchent la joie et le plaisir, s’attache à la douleur de s’occuper des enfants de l’orphelinat Ameneh puis, plus tard dans l’établissement qu’elle a fondé. Une personne qui passe sa jeunesse à enseigner aux enfants handicapés.
Une personne qui a fondé avec ses amis le « Centre culturel de soutien aux enfants travailleurs ». Une personne dont le nom est intimement lié au mouvement des femmes, depuis le centre culturel « Zanestan » jusqu’à la campagne. Quelqu’un qui met sincèrement et tranquillement en avant tout ce qu’elle a à sa disposition. Quelqu’un qui croit de tout son cœur aux droits humains, dont le cœur est rempli d’amour pour le peuple et l’humanité. Quelle grande chance de vivre, de travailler et d’être ami avec toi.
Quelqu’un qui suscite la fierté des journalistes pour les droits humains.
Ma compagne, toi qui partage mon âme, dans to bibliothèque de mots, il y en a que j’aime réellement :
« …et mon seul souhait était d’être un oiseau pour me poser sur les fenêtres, et à chaque fois que quelqu’un aurait pris froid, à chaque fois que quelqu’un aurait crié, ou aurait eu les larmes aux yeux, je serais rentré et me serais posé sur son épaule et j’aurais emporté sa douleur avec moi, sans un mot. J’aurais aimé pourvoir battre des ailes et faire rentrer la chaleur dans les maisons par la fenêtre. »
Maintenant, cet oiseau à la belle voix est piégé dans la cage étroite des oppresseurs. Tu sais qu’il est difficile de te savoir en prison tandis que j’erre dans cette ville en ruines qui a perdu le rythme. J’aurais aussi voulu être un oiseau pour ouvrir mes ailes et me poser sur toutes les fenêtres de ce pays maudit, pour répandre ta chanson dans les oreilles des hommes, des femmes et des enfants. J’aurais dit à tout le monde de faire un peu plus attention. Aux pieds de cette montagne colossale recouverte de neige, il y a un château construit par des vautours hideux et haineux pour faire taire les hirondelles et les chants d’amour des canaris. Ils ont élevé cette forteresse solide pour « sentir ta bouche, pour être sûr que tu n’aies pas dit « je t’aime » pour pouvoir fouiller ton cœur pour s’assurer qu’aucune flamme n’y soit allumée.
Une forteresse obscure, avec de hauts murs et beaucoup de cages, un endroit où Satan donne libre cours à la célébration intoxiquée de ta peine. Le jour viendra-t-il où la tyrannie s’écroulera et où la paix et la joie se répandront.
Oh oiseau au chant enchanteur, j’espère que tu vas rester et contempler
Le jour joyeux où il n’y aura plus de cage dans le monde
Parissa, ma généreuse, ma fière Parissa
Je ne sais pas comment tu vas maintenant.
Te moques tu du goût amer de l’isolement ou communiques-tu ta chaleur humaine à tes codétenues ? Dans tous les cas, je sais que la prison, si étroite et insignifiante qu’elle soit ne pourra pas conquérir ton esprit grandiose rempli de vie et de bonté.
De nos jours, la vie n’est qu’une campagne sans fin contre les faiblesses et les vulgarités qui occupe tous les précieux instants de nos vies. Dans cette lutte, le chagrin est un pirate, mercenaire de l’armée du mal qui croise notre chemin pour nous voler l’amour, la confiance et la foi. J’ai néanmoins bon espoir qu’un tel chagrin ne puisse pénétrer ton cœur empli de bonté car tu sais, tu comprends la signification réelle de l’amour, la douceur de la confiance et le calme de la foi.
Je sais qu’il est difficile de supporter l’éloignement de ceux que tu aimes, mais s’il te plait, rends toi compte que tolérer ton absence pour ceux qui t’aiment et beaucoup plus difficile et amer, que « la vie est terminée maintenant que nous sommes séparés. » Quand l’affliction séduit la fiancée de l’amour que tes larmes cristallines, que ta force de caractère a repoussé loin de ceux qui t’entourent comme une digue, se transforment en torrent et noient le pharaon de l’affliction. Même si toutes les ailes des oiseaux saignent, si les chants sont pleins de larmes, les étoiles éteintes, souviens toi que, grâce au feu de l’amour du vol, à l’allégresse du chant, la lune brillera sans aucun doute dans cette nuit noire.
Même si la nuit profonde a posé ses ténèbres sur le pays, sois courageuse car l’aube est proche.
Ma belle Parissa,
Quel scélérat pourrait t’emprisonner après t’avoir connue ? Quel bandit, devant ta grandeur d’esprit pourrait t’interroger ? Quelle personne illogique pourrait voir la pureté de ton cœur et te soumettre à l’inquisition ? Quel hypocrite devant ton honnêteté pourrait persister dans ses allégations absurdes ? Quel ignorant devant ton ouverture d’esprit serait fier de son état dédaigneux ? Je suis choquée de l’arrogance infinie de ces mendiants subitement devenus nobles, de ces esclaves grandiloquents, je suis abasourdi ; ils sacrifient leur dignité et leur sort pour protéger le pouvoir de leurs maîtres, des partisans de Bani Omayeh [la dynastie au pouvoir après la mort du Prophète et qui a tué beaucoup de saints shiites] se prétendant fidèles d’Ali ? J’aurais souhaité que le destin soit juste et le sort équitable.
Echanson ! Apporte une coupe remplie de justice
Pour que le mendiant ait honte de faire le mal
Depuis ton départ, je lutte constamment contre moi-même. Comme si mes mains cherchaient l’autre perdue dont le rugissement approuve la liberté et le murmure déshonore la tyrannie. Dis à tes ravisseurs de ne pas nous effrayer avec leurs chaînes et leurs cellules, de ne pas proférer de vulgarités et de menaces, de ne pas harceler les familles de nos alliés et de ne pas s’obstiner car de telles armes n’ont pas cours chez nous. Dis leur que je resterai, même si ça me coûte.
Je resterai jusqu'à ressentir la chaleur de ta présence. C’est l’espoir de te voir qui me fait tenir.
Je resterai pour de nouveau voir, comprendre et glorifier Saïd Kalanaki (l’essence de la passion), la courageuse Shiva, la loyale Kouhyar, le bien-disant Saïd Djalali, Mehrdad (l’incarnation de l’espoir) et Saïd Haeri (quintessence de la modestie et de la grâce).
Au cœur d’un janvier glacé, il n’y a pas de Saba (brise du matin qui vient de l’est) pour porter mon message à mon camarade. J’espère en un iota de conscience ou d’humanité pour qu’il te remette cette lettre.
(La traduction des vers d’Hafez a été fournie par Monsieur Shariar Shariari: www.hafizonlove.com)
Traduction de : Siavosh J.
(persian2english.com)
http://persian2english.com/?p=4477
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