Par @ghazamfar. Traduit de l’original Anglais de @manic77par @mehrza
« Aujourd’hui, nos amis portent les pierres de leur prison sur leur doc, comme le fils de Marie portrait sa croix ».
Cette lettre est adressée à quiconque est aussi coupable que les despotes qui emprisonnent nos amis, les enfants et l’avenir de cette terre.
A : Monsieur (Docteur) Rahbar, estimé président de l’université de Téhéran et à Monsieur (Docteur) Djamshidiha, estimé doyen de la faculté de sociologie de l’université de Téhéran, salutations
Tout d’abord, je m’adresse à vous en tant que « Monsieur » pour deux raisons : premièrement à cause de votre sexe et aussi pour maintenir une certaine norme dans cette lettre, une lettre typique de ce genre. Autrement, Dieu sait qu’il est très clair pour moi et pour vous aussi, que s’il vous restait quelque pudeur, vous ne voudriez pas que l’on vous appelle un « homme ». Autrement, comment pourriez-vous demander que l’on vous appelle un homme alors que les enfants du pays, les étudiants des institutions que vous êtes censés diriger, sont emprisonnés pour la seule raison qu’ils sont kurdes, ou simplement parce qu’ils sont des « étudiants » honorables et consciencieux ?
Pour être honnête, vous n’êtes pas non plus très respectable. Quand on est respectable, on est responsable de se reconnaître et de se respecter en connaissant les frontières et en protégeant ce qu’il y a à l’intérieur de ces frontières contre toutes les sortes d’insultes. Dans ce sens, on ne peut pas vous considérer comme respectable. Comment pourriez-vous être respecté alors que vous avez permis le franchissement de ces frontières en laissant toutes les folles milices « en civil » violer la sécurité et la sûreté que l’université doit à ses étudiants ? Comment pourriez-vous être respecté quand vous les laissez envahir la cité universitaire, qui est censée être le foyer sûr des étudiants pour la transformer en un brasier de gravats sanglants ? C’était notre « foyer » pour lequel nous avons toujours eu respect et déférence, mais je vous fais juge, comment pourriez-vous être respecté alors que vous avez manqué de respect à notre « foyer » ? Comment avez-vous pu transformer l’ « université » en un endroit d’insécurité pour des étudiants qui doivent craindre à cause de leur origine ethnique et être respecté ?
Pour nous, « l’université », endroit dédié à « l’enseignement » et à l’éducation, était un endroit respectable. Nous la révérons comme un endroit d’où de grands hommes se sont levés. Nous la respections profondément car elle était marquée par la présence et le feu des trois divines flammes d’Azar. Et nous la respectons toujours. Mais vous, doyens incompétents de l‘université de Téhéran, nous ne vous respectons plus. Savez-vous seulement que quatre étudiants en sociologie sont à la prison d’Evine depuis 40 jours ? 40 jours, comme les 40 jours d’ascèse de « Tchelleh neshini » à la différence qu’à la fin du 40ème jour d’ascèse, on ne leur décernera pas de récompense, on ne les félicitera pas, on ne les sacrera ni ne les évaluera. A la fin, on les condamnera, ce qui devrait suffire à enflammer votre conscience, si tant est que vous en ayez une, pour le reste de votre vie et même au-delà ! Je vais les citer pour que l’histoire, qui n’honore que les personnes distinguées, se souvienne de leurs noms, non pas que ces pauvres étudiants aient un poste ou une position distinguée, mais uniquement parce que ce sont des êtres humains convenables à une époque où il est rare d’en rencontrer ! Ce ne sont pas les enfants de gens « importants » qui pourraient vous causer des ennuis pour votre poste, ils n’appartiennent à aucune organisation ou association qui pourraient à tout le moins suivre leur dossier. Ils s’appellent Amajad Kordnejad, Sadjjad Moradi, Aliréza Moradi et Abbas Kakaii.
On dit qu’ils auraient déjà été jugés et personne ne sait ce qu’il est advenu d’eux dans ce tribunal factice. Nous demandons : Leurs avocats ou les membres de leur famille ont-ils pu assister au procès pour les soutenir ? La réponse est PERSONNE. Vous comprenez la signification du mot « PERSONNE » ? On dit qu’ils ont été accusés d’être impliqués dans de nombreux incidents comme le 13 Aban (4 novembre), 16 Azar (7 décembre) et même dans la tragédie de la cité universitaire… on les fait participer à un scénario dont personne ne peut dire la chute.
Docteur Rahbar, doyen de la grande université de Téhéran,
Nous savons, et au moins vous devez admettre dans votre solitude que tout ce qui est arrivé lors de ces trois jours-là n’était qu’une partie d’un jeu que vous aviez mis en place. L’attaque brutale nocturne des milices et des mercenaires contre la cité universitaire, c’était un ordre personnel émanant de vous. Beaucoup de gens croient, même si personne ne l’a dit, que vous pourriez trouver la vérité dans ce qui vous reste de conscience. Le 16 Azar (16 décembre) toutes ces milices en civil et forces bassidji rassemblées depuis diverses bases ont été autorisées à envahir ce qui aurait du être un havre de sécurité pour les étudiants, le responsable des bassidj de votre propre faculté l’a admis.
Docteur Djamshidiha, doyen de la faculté de sociologie de l’université de Téhéran,
Ce qui est mentionné ci-dessus vous concerne également.
Je ne vous demande que de vous mettre à la place des parents des étudiants détenus, juste in instant, même si je suis sûr que pas même une seconde vous ne pourriez imaginer que ces quatre étudiants pourraient être vos propres enfants, derrière les murs des cellules de la prison d’Evine, attendant un verdict qui devrait être adressé aux despotes dont l’organisation tortionnaire est bâtie avec les os des meilleurs enfants de ce pays et décoré des dents brisées de leurs parents qui n’abandonneront jamais l’espoir dans le futur de ce pays opprimé.
Messieurs Rahbar et Djamshidiah,
Aujourd’hui, nos amis, nos condisciples de longue date portent les pierres de leur prison sur leur dos, comme le fils de Marie portait sa croix. Jésus est monté aux cieux et s’est reposé dans les bras de Dieu et est devenu éternel. Soyez assurés que, quel que soit le verdict et ce qui s’en suivra, les stigmates du déshonneur sont sur les fronts de ceux qui ont fermé les yeux et n’ont pas voulu voir ça. Attention à l’explosion du silence que vous allez voir. Aidez nos amis, anciens ou nouveaux, à revenir parmi nous. Ces gens ont la mémoire courte mais de grands cœurs… ils vont pardonneront. Avant qu’il ne soit trop tard, revenez à la raison et permettez-nous de vous considérer comme des « hommes » et de vous respecter en tant que tels.
Je crois qu’il n’est pas trop tard pour récupérer juste un atome de l’honneur et de la conscience que vous avez perdus, et pour une fois au moins dans l’histoire de ce pays fait de hauts et de bas, démontrer que l’eau décantée « peut » vraiment revenir dans le flot (comme nous disons en Persan, ce qui équivaut à dire que le génie peut retourner dans sa bouteille), si nous en avons la volonté et si nous croyons en Dieu, qui est le plus miséricordieux… Et qui ne croit pas en la pitié et au pardon de Dieu ?
“Kelk Meshkin”
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